On parle beaucoup de souveraineté numérique depuis déjà plusieurs années. Etre moins dépendant des gafam, reprendre en main nos systèmes et données, favoriser nos acteurs locaux. C’est très bien tout ça, évidemment.
MAIS dans les faits… C’est juste une catastrophe. Car on fait tout l’inverse de ce qu’il faudrait faire. On livre tous les secteurs aux géants américains :
- Les CCI organisent des Google Ateliers Numériques dès qu’il s’agit d’aider nos entreprises à passer au numérique,
- France Travail fait de même avec les demandeurs d’emploi,
- Amazon Web Service a annoncé récemment vouloir former 600 000 personnes aux compétences numériques d’ici 2030.
Et le projet de budget de l’État prévoit une baisse très importante du financement des conseillers numériques dans nos territoires. Comment, dans ces conditions, parler de souveraineté numérique ? Tout semble géré et dominé par les gafam.
A quoi donc peut bien servir notre écosystème d’entreprises du numérique dans ces conditions ? Vont-elles devoir se reconvertir dans un autre domaine ? Et les conseillers numériques, chargés d’aider et d’accompagner les citoyens éloignés de ce domaine, en difficultés, que vont-ils devenir également ? Et les personnes qui dépendaient d’eux ? On les abandonne ? On les envoie chez Google ?
Pour les conseillers numériques, sachant que leur budget semblait déjà insuffisant (le nombre de conseillers numériques OpenToWork sur Linkedin…), peut-être devraient-ils essayer de s’organiser eux-même, en SCOP ou autre GIE par exemple, ou comme les Chatons de Framasoft, c’est juste une idée).
Alors que nous avons un écosystème riche, notamment en termes de numérique libre (voir le CNLL et ses nombreux membres, dans des domaines variés comme l’ERP / CRM, l’analyse web, les outils de collaboration, la cartographie, etc…) mais pas seulement (SmartRezo, réseau-média social Français très complet, performant, notamment pour nos TPE et PME, Lutice pour la gestion de classes virtuelles pour l’éducation et les centres de formation, et d’autres), qui permettrait d’améliorer notre souveraineté numérique et de faire travailler notre économie. Sans parler de protéger les données personnelles de nos concitoyens et entreprises.
Nous avons ce qu’il faut. Mais il manque la volonté de certain de s’affranchir des lobbys des gafam et de reprendre en main tout cela. Il faudrait se mobiliser, s’unir, collaborer afin de proposer des choses et surtout d’agir, enfin, dans le bon sens. C’est possible.